Le CER est un comité essentiel aux bonnes interactions entre les participants et les chercheurs 

Le CER est un comité essentiel aux bonnes interactions entre les participants et les chercheurs 

Monique van Donzel et Renaud Debailly dressent un bilan de leurs trois années passées au sein du comité d’éthique de la recherche de Sorbonne Université. 


Quel était votre rôle au sein du comité d’éthique de la recherche ? 

Monique van Donzel : Notre mission principale était d’examiner et d’évaluer tous les protocoles de recherche que nous recevions, et de les valider sur le plan éthique pour nous assurer que les projets d’étude puissent avoir lieu dans les conditions adéquates. Outre veiller à la protection des participants et des patients qui participent à ces études, nous faisions en sorte de contribuer à la bonne application et au respect de la protection des données et des aspects juridiques. 
Tous les membres du comité ont le même rôle dans l'évaluation des dossiers mais dans leur domaine d’expertise spécifique, bien entendu. 

Renaud Debailly : Les comités d’éthique de la recherche existent depuis longtemps dans le domaine de la santé mais s’étendent de plus en plus à d’autres domaines. Le CER de Sorbonne Université vise à valider des protocoles de recherche mais plus qu’une évaluation, son rôle est d'accompagner des chercheurs et chercheuses vers la validation éthique et d’alerter sur des problèmes auxquels on ne pense pas toujours. Via le comité, nous souhaitons sensibiliser les porteurs de projets pour qu’ils ajustent leurs protocoles de recherche en pensant toujours à la protection des participants et aux usages qui pourraient être fait des recherches.

Quels dossiers ont été les plus ardus à traiter ?
RD : Tous les dossiers durant la crise sanitaire ! Même si, initialement, le rythme de croisière du CER est soutenu, il l’a été davantage durant la période de Covid.
D’une part, nous avions énormément de dossiers à traiter. D’autre part, les questions éthiques étaient d’autant plus pressantes que les protocoles se bousculaient. Nous avons bien en tête l'urgence de valider prestement ces projets pour que les recherches puissent commencer. 
Nous avions aussi à réfléchir à de nombreuses problématiques comme, par exemple, comment faire en sorte que les données recueillies soient utilisées dans le cadre de recherches publiques et non privées, comment s’assurer que ces données ne soient pas utilisées à d’autres fins que la recherche…  

MvD : Effectivement, la période de Covid a été très intense… et nous travaillions de chez nous, ce qui ajoutait une difficulté supplémentaire.
Les protocoles à cheval entre plusieurs domaines scientifiques demandent toujours une attention spécifique. Certains projets faisaient appel à des participants qui étaient en même temps des patients. Alors, il fallait réfléchir et s’assurer que la façon d’informer les patients sur leur participation à l’étude était bien adaptée à leur situation. 

Quel bilan faites-vous de votre participation au CER ?
MvD : Ce comité est essentiel pour la protection des participants mais aussi pour le chercheur et l’institution. C’est important, non seulement parce que cela est écrit dans la loi mais aussi pour ce que cela apporte à la science. 
Cette expérience m’a aussi permis de découvrir beaucoup de domaines que je ne connaissais pas forcément. 

RB : Durant ces années au CER, j’ai découvert plusieurs manières de faire de la recherche, des manières très différentes des nôtres. Et en même temps, l’évaluation des protocoles fait écho à beaucoup de questions que l’on se pose soi-même en tant que chercheur. Tout comme ma collègue, j’ai aussi découvert d'autres disciplines, des sujets, des approches, des perspectives différentes.
Un autre aspect important est le fait qu’en sciences humaines et sociales, les comités d'éthique ne sont pas des structures auxquelles on s’adresse d’emblée parce qu’il n'y a pas cette obligation pour la publication scientifique. On pense souvent, à tort, que cette validation éthique va être une étape supplémentaire au temps de la recherche et ajouter de la bureaucratie… Pourtant, cela n’est pas le cas. Il s’agit plutôt d’une forme d’accompagnement et de sensibilisation à des enjeux importants, avec des spécificités dont il faut tenir compte en fonction des disciplines. 
 
Un dernier mot sur vos projets futurs ?
MvD : Je ne dis pas tout de suite au revoir au CER. Je vais poursuivre avec un mandat de trois ans, et j’en suis ravie !
Être membre du CER est un travail d'accompagnement et de suivi continu, les dossiers arrivent tout le temps. Nous souhaitons nous améliorer dans la procédure et dans le suivi, et faciliter la soumission des dossiers par les porteurs. Nous venons d’ailleurs de mettre en ligne une plateforme dédiée. 
Le CER existe aussi pour simplifier la vie des porteurs de dossiers, des chercheurs et chercheuses. Il appartient par ailleurs à un réseau avec d'autres comités d’éthique de la recherche français dans le but d’échanger sur nos pratiques. 

RD : Pour ma part, je vais m’arrêter après ce premier mandat, à regret, pour des raisons de temps. 
Cela me parait important de souligner que le CER n’est pas juste une structure qui donne un avis éthique, c’est aussi un collectif avec une pluralité de positions, de disciplines, un endroit où collectivement des questions sont posées et où des débats ont lieu.

Biographies

Monique van Donzel travaille à l’INSEAD en tant que directrice au département de la recherche. Cette native des Pays-Bas gère également l'institutional review board, l’équivalent du CER de Sorbonne Université. Elle a également été coordinatrice pour les aspects d’intégrité scientifique dans une université néerlandaise. 

Renaud Debailly est maître de conférences en sociologie à Sorbonne Université et sociologue des sciences. Il est aussi le directeur de l’UFR de sociologie et d’informatique pour les sciences humaines.